Au terme de cette série de billets, je vous dois une confidence.


Quand tout a commencé, quand il a été question de confinement, je me suis
plainte, et me suis regardé le nombril. J’ai pensé avec agacement à ces livres que je n’allais pas pouvoir emprunter à la médiathèque, à ces chouettes films que je n’allais pas pouvoir aller voir au cinéma, à ces voyages que je me réjouissais de faire et qui ne se feraient pas, à ces cours de zumba dont j’allais être privée. Et puis, face à mes écrans, au gré des chiffres qui ne cessaient de croître, ceux des morts, des malades, de plus en plus jeunes et pour certains, sans comorbidités connues… la réalité du drame collectif que nous vivions m’a explosé en plein visage. Alors, je me suis extraite de mon petit monde pour rejoindre ceux des autres. Au moins en pensée. Ce confinement a aussi été l’occasion de repenser mes valeurs, de réévaluer mes priorités, de réinvestir mes engagements dans l’humanitaire, la politique, l’écologie, auprès des miens, tout cela à la fois.


Dans cette société de consommation et du paraître qui nous happe,
prenons-nous seulement le temps ? Le temps de (nous) regarder, de
contempler ce qui est, au-delà des apparences et des attendus, d’écouter
plus que de se faire entendre, de tendre la main, de vivre tout
simplement ?
Quelles relations ai-je avec mon entourage ? Avec la nature ? Avec le monde dans lequel je vis ? Quelle relation avec le temps ? Et qu’en sera-t-il
après…après la bataille contre le COVID-19 ?
Le temps est venu de repenser ces notions et définitions toutes faites, que
l’on croyait à peu près stabilisées, dans le paysage mental que l’on s’était
constitué et à l’aune duquel, nous observions le monde : la mondialisation
(et les avatars de la délocalisation), l’Europe (quelles frontières font sens
quand l’Italie est secourue par la Chine et Cuba ?), la modernité (peut-on
être moderne et sacrifier nos anciens en bonne conscience ?), les nouvelles
technologies (quelle proximité ou distance donnent-elles à vivre ?).
C’est le défi que je me propose et vous propose de saisir, chiche ! Repenser
notre mektoub à tous. Parce que, s’il est une leçon que la pandémie que
nous vivons nous enseigne, c’est que nos vies comme nos destins sont
entremêlés. Il ne tient qu’à nous d’en tirer les conséquences pour que, de ce
drame immense, un monde meilleur advienne.


Djamila KAOUES

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