Anecdotes « Faut qu’j’te raconte », les histoires vraies d’Agnès
Nous avons voulu regrouper vos histoires vraies, comiques, moments de solitude pour chacun de nous, dans un livre. Afin de publier les meilleures anecdotes, nous avons choisi un jury sur le net : 20 personnes que nous ne connaissions pas et qui ont accepté de se prêter au jeu en relisant et en notant 10 anecdotes chaque semaine.
En voilà une, extraite des cent histoires que nous avons conservé.
Si vous aussi, vous voulez vous lancer et en écrire une, purement authentique, nous allons maintenant regrouper les anecdotes les plus cocasses ayant trait aux histoires d’amour, de coeur, ou de fesses!
Les meilleures seront ensuite publiées sur ce site.
Agnès
Batifole Mamy
Ah, la la : choisir le dernier séjour de vacances avec sa grand-mère, sérieusement
devenue « Madame Alzheimer », est une sacrée paire de manches. D’autant que je
sais qu’il n’y en aura probablement pas d’autres et qu’elle adore partir au Club Med.
Elle a déjà dû « visiter » une trentaine de pays de cette façon et, à 80 ans, n’a rien
contre le fait de renouveler, une fois de plus, l’expérience. Banco, pour une nouvelle
destination où elle souhaite nous inviter : Foça, en Turquie.
Nous voilà parties à trois, Laura (ma fille de 13 ans à l’époque), Mamy et moi pour
une semaine de détente et d’instants privilégiés.
Privilégiés, en effet, ils l’étaient et pour la détente, on a été au top !
Le décor est super, avec chouette plage, piscine olympique, transats en veux-tu en
voilà, grands espaces et tous les sports et activités possibles.
Seulement voilà, je n’avais pas bien cerné, à l’époque, les difficultés de Mamy au
quotidien et chaque jour va nous réserver son lot de surprises !
Premier petit déjeuner en table ronde de 8 personnes. Mamy s’aperçoit qu’elle n’a
pas collé son dentier qui fait clic-clac à chaque bouchée. Qu’à cela ne tienne,
agacée, en pleine dégustation de son croissant, elle l’enlève et le pose sur la table,
encore rempli de miettes ! Bonjour m’sieurs dames ! Ca plante tout de suite le décor.
On imagine sans peine la tête, notamment, de mon ado de fille. Se faire remarquer
de la sorte n’est jamais bien apprécié à tout âge, mais à cet âge-là, encore moins !
Dans la journée, on trouve tout de même le moyen de se piquer un fou rire. Mamy,
qui n’en peut plus de rigoler, s’adosse debout à un arbre et, jambes écartées, nous
fait ruisseler un ch’ti pipi, direct sur ses pompes. Sauf qu’on découvre qu’elle n’a
qu’une culotte et une paire de chaussures pour tout le séjour ! Il nous faut donc
régler l’urgence. Aller une petite heure au village de Foça, juste le temps d’acheter le
nécessaire. Avec ma fille, nous y cavalons toutes les deux, après nous être assurées
que Mamy était confortablement installée dans un transat pour une petite sieste.
A notre retour, plus de Mamy sur le transat. On se met à la chercher un bon moment
et on la retrouve installée dans un bungalow dont la porte était restée grande
ouverte. Bien évidemment, ça n’est pas le nôtre et Mamy s’étonne de trouver un
certain changement dans son aménagement.
Retour au restaurant car c’est l’heure du repas. Mamy, dont la semelle droite de
chaussure s’est ouverte en grand à l’avant (et qui refuse celles qu’on vient de lui
acheter), braille tout le long du chemin à qui veut l’entendre « Vous savez où il y a un
cordonnier ? » Question saugrenue qui lui restera sans réponse.
Arrivées aux escaliers du restaurant, c’est le grand boum ! Mamy tombe par terre,
affalée dans les tapis turcs qui sont en vente à l’entrée du restaurant. Quand on dit
qu’il faut soigner son entrée, c’est réussi ! Infirmière, glaçons sur le genou éraflé et
bon appétit ! Mamy finit par s’installer à table et commence par mettre cinq glaçons
dans son assiette d’entrées : « ça rafraîchit ! » dit-elle.
Après une petite sieste bien méritée pour tout le monde, l’heure arrive ensuite de se
préparer pour la soirée. Mamy se maquille et pose sur ses sourcils, histoire de les
affirmer, son mirifique trait de crayon bleu habituel. Pour être affirmés, ils le sont
puisqu’on ne voit plus qu’eux, ce qui n’est pas du meilleur goût. Mais le pire, c’est
que tandis que nous nous préparons nous aussi, on voit Mamy arriver avec une
coiffure sur laquelle, de chaque côté, semble soigneusement posé un jet de
dentifrice, partant du bas du front jusqu’à l’arrière des oreilles. Un long trait de
chaque côté, pour faire symétrique ! Affublant copieusement sa courte coiffure
blonde de ce nouvel ornement similaire à du chewing-gum à la fraise, c’est, en fait,
sa pâte à dentier qu’elle a pris pour sa laque : c’est chaud ! C’est sûr, on va faire un
carton à la discothèque du club !
Le séjour commence donc à sérieusement prendre une allure de calvaire pour Laura
et moi, obligées de suivre Mamy à la trace. Et là, y’a de quoi faire !
Retour de soirée et gros dodo jusqu’à… 2 heures du matin. Jusqu’au boum surprise.
En effet, Mamy vient de faire une belle chute de son lit et se retrouve à plat par terre
(en shava-asana pour les yogistes !) Avec tout le ram-dam qui va avec puisqu’elle a
entraînée avec elle la table de nuit et tout ce qu’elle contient, notamment un verre
d’eau qui a volé en éclats. Je me lève (et je la bouscule !) et déjà je saigne après
avoir marché sur du verre ! Bon, bon, keep cool. Respirons un grand coup ! Après
un quart d’heure passé à la relever ( un petit 90 kilos pour 1,74 m), opération
nettoyage du verre. Mais sans balai, inexistant. Si, avec la balayette des WC ! On vit
de ces trucs au Club Med ! Au réveil, Laura lui rappelle les faits. Haussement
d’épaules de Mamy « Tu dis n’importe quoi, je ne suis jamais tombée de mon lit et
c’est pas maintenant que ça va commencer ! » OKAY !
Notre séjour en est à mi-chemin, presque un peu long, on l’aura compris. Quelle est
la prochaine étape, le prochain gag ? Demandez le programme ! Il ne se fait pas
attendre et le soir au dîner, Mamy ne fait pas dans la demi mesure et tombe dans le
buffet des desserts. Au propre comme au figuré ! Au sens propre parce que ses
pieds ont buté dans le meuble du présentoir à desserts et qu’elle s’écroule dessus,
lui laissant un gros bleu sur l’avant bras. Et au figuré parce qu’elle ne s’est pas
démontée et que, comme à chaque repas, elle se sert quatre belles parts de gâteaux
qu’il lui faut agrémenter de deux pots de trois boules de glace chacun. Il faut ce qu’il
faut pour nourrir son grand corps gourmand ! Incapable de rester assise sans
rapidement succomber à la tentation culinaire, ses déplacements aux buffets nous
valent quelques frayeurs en prime. Ne mémorisant pas sa tablée, elle se réinstalle
ailleurs sans problème. Alors que nous la cherchions dans tout l’immense restaurant,
nous la retrouvons attablée à côté d’une petite fille de 6 ans qui jouait avec sa
serviette près de son verre de coca. Et Mamy de lui dire « Arrête, tu vas renverser
ton verre de vin !» Tête de la petite fille et sa mère à notre encontre. Echange de
sourires complaisants de leur part contre grimaces embarrassées de la nôtre.
Le départ approche et pour cette dernière après-midi, petit farniente sur les transats
de la piscine. On s’installe et Mamy décide d’enlever ses chaussures. Sauf que son
pied gauche dévoile l’ensemble de ses orteils garni d’un large coton imbibé de
Synthol, le tout maintenu par un gros élastique. Totale classe ! Et tête de Laura, qui
change de secteur, à la plus grande surprise de Mamy.
Laura, qui n’aura jamais osé, non plus, aller au club ados, de peur de s’entendre dire
« c’est ta grand-mère ?»
Enfin le retour ! La vie normale nous rappelle, pour notre plus grand bonheur. Mamy
qui nous avait dit, au début, « si c’est sympa, on pourra peut-être rester une semaine
de plus…» : il n’était plus question d’évoquer cette proposition ! Les bagages sont
prêts et nous voilà à l’aéroport d’Izmir. Comme une cerise sur le gâteau, mon gros
sac rouge de voyage disparaît. Envolé ! Mamy décide de prendre l’affaire en main et
accoste tout le monde dans l’aéroport en clamant vingt fois de suite « Vous n’avez
pas vu un gros rouge ?? », montrant avec ses mains des dimensions que l’on
pourrait prendre pour un tonneau !
Et, bien sûr pour terminer en apothéose, elle nous fait la gueule parce qu’on refuse
de l’écouter et d’aller le chercher sur le tapis roulant des arrivées. Et pour cause,
nous n’en sommes qu’au départ ! Il n’y sera pas plus, d’ailleurs.
Tout de même et d’une certaine manière, nous aurons été récompensées par Mamy
qui, de retour chez elle nous lance avant notre départ « J’ai passé de bonnes
vacances. Tout ça va sûrement me manquer !»
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