Fidèle à son esprit chaleureux, Christian Lebon, chanteur et animateur radio, a accueilli sur le plateau d’Arts-Mada (TV et Radio) Jean-Luc Roméro, président de Sida Infos Service, venu présenter son nouvel ouvrage : « L’espoir d’une France sans Sida ».
La jeune chanteuse vierzonnaise Gersende participait également à cette rencontre riche en échanges. Ensemble, ils ont abordé ce sujet grave avec profondeur, tout en préservant cette touche de légèreté si caractéristique de Christian, qui sait avec humour et délicatesse transformer les débats les plus sérieux en moments d’humanité partagée.
Quels ont été les constats effectués lors du congrès de la Société française de lutte contre le sida à Montpellier ?
Nous avons tous énormément d’inquiétudes, que ce soit à ce qu’on observe à l’échelle nationale ou internationale. En France, les associations sont dans des difficultés financières terribles. Pour preuve, l’association Aides [première structure de lutte contre le sida en France] a annoncé un plan de licenciement de 60 personnes. Des associations comme Sida Info Services, qui vivent des subventions de l’Etat, sont indispensables pour prévenir contre le virus et accompagner les personnes porteuses de la maladie.

Tous les politiques de réduction des risques, aujourd’hui malmenées, pourraient l’être encore davantage si l’extrême-droite ou une partie de la droite venaient à prendre le pouvoir. Ces groupes politiques refusent par exemple de faire quoique ce soit pour la prévention sur l’usage des drogues dans les rapports sexuels, alors que cela concerne au moins un tiers des homosexuels. Si des programmes ne sont pas mis en place, les conséquences sanitaires pourraient être désastreuses.
L’espoir d’un monde et d’une France sans sida à l’horizon 2030 est aujourd’hui remis en cause. Donald Trump a suspendu des financements indispensables pour des associations africaines et asiatiques de lutte contre le sida. Des millions de personnes vont se retrouver sans traitement.
Peut-on toutefois demeurer confiant au regard des progrès scientifiques ?
Si on parvenait à avoir 95% des gens dépistés dans le monde, 95% sous traitement et 95% sans charge virale, ce serait une victoire majeure. Avec l’ensemble des traitements existants aujourd’hui, préventifs ou qui enlèvent toutes charges virales au virus, il y a un vrai espoir sur l’endiguement de la maladie si les moyens suivent. C’est tout le paradoxe d’aujourd’hui : il y a un espoir incroyable de stopper la propagation et un contexte économique et politique où les financements sont en chute libre.
Aujourd’hui en France, environ 10 000 personnes porteuses du virus ne savent pas qu’elles sont séropositives et qui donc ne se soignent pas et qui infectent à leurs dépens. C’est pour cela que nous observons chaque année 5000 nouvelles infections.
Peut-on mener une vie normale tout en étant porteur du virus aujourd’hui en France ?
Oui tout à fait. La plupart du temps, les personnes séropositives sous traitement ne transmettent plus la maladie. Pour autant, la sérophobie demeure et c’est scandaleux. L’espérance de vie d’une personne séropositive est aujourd’hui la même qu’une personne séronegative
Aujourd’hui, très peu de gens meurent du sida en France. Cela constitue une minorité par rapport à ce qu’on observait dans les années 1980. La priorité est vraiment le dépistage. Le fait de pouvoir aujourd’hui se faire dépister dans n’importe quel laboratoire d’analyses médicales, sans ordonnance et en se faisant rembourser, est une excellente chose pour cela.
Le VIH est-il encore victime de méconnaissance, notamment chez les jeunes ?
Malheureusement oui. Les jeunes générations ont des connaissances erronées sur le sida parce qu’on n’en parle quasiment plus. L’éducation à la sexualité pêche à ce niveau-là. Certains croient encore qu’on peut attraper le VIH en embrassant quelqu’un ou que la maladie se guérit. Ces méconnaissances et ces idées préconçues sur la maladie sont à combattre via l’information et la sensibilisation dans les établissements scolaires.





